La Course

La Course


– Tu n’en as plus ? De l’espoir, tu n’en as plus ? Tu es désespérée ?
– Non, pas désespérée. Rien que vieille.


Entre la joie, la jalousie et les regrets de l’amour, les relations des personnages de La Course révèlent l’intime de chacun. Et chacun s’avère trop petit pour ses aspirations, trop étroit pour la passion et engoncé dans un quotidien qui la refuse. Quelle lumière trouver ailleurs que dans les promesses creuses du bonheur pour tous ? Si l’argent est ce qui les relie, que vaut l’amour à ce compte ? Et comment les bras de l’un peuvent-ils être autre chose que la prison de l’autre ?
De ces portraits bougés, entre vrai et faux, ne resteront à la fin que des ombres, portées sur un réel qui n’est plus qu’un décor.


Écrit dans une langue simple et fluide, La Course se déroule sous divers registres de narration qui restituent, à la manière d’un patchwork mêlant l’humour au tragique, chacun des protagonistes et marquent leurs différents « présents » comme autant de réalités désaccordées.



Dépourvu de tout parti pris moral pour se mettre au plus près de ceux qu’il raconte, Jacques Richard révèle les passions qui traversent et parfois déchirent les êtres.

Trois ans après La femme qui chante, il revient au roman. Son écriture, précise et juste, y est plus puissante que jamais.


(Note de l'éditeur)


Onlit-éditions
ISBN : 978-2-87560-169-8 

200 pages
Prix : 19 euros

UNE AUDACE REMARQUABLE


Note de L'Echo: *****

L'Echo 24 décembre 2022 00:50


Aliénor Debrocq

















Dépourvu de tout parti pris moralisateur, l’auteur raconte cette histoire avec une audace remarquable: "Si c’est pour enfoncer les portes ouvertes, il faut faire autre chose qu’écrire", déclare-t-il avec amusement.




Avec "La course", Jacques Richard livre un troisième roman fragmenté, éblouissant, sans aucun doute le plus abouti et le plus libre!


Trois ans après "La femme qui chante", le peintre, poète et romancier belge Jacques Richard revient au roman dans une écriture précise, juste et plus puissante que jamais. Après plusieurs expositions de peinture, un court traité sur le dessin (Nues, également chez ONLIT) et un recueil de poèmes publié au Cormier, il raconte ici l’histoire d’amour hors normes, incestueuse, entre un jeune garçon de seize ans et sa tante Hélène, dite Léna.


Mariée à Claude, qui n’est jamais là et ne la fait plus rêver, elle donne régulièrement de l’argent à sa sœur aînée Madeleine, dite Magda, mère célibataire sans travail. La "course" est donc double pour le neveu adolescent, fils de Magda, qui va régulièrement de l’une à l’autre, se hâtant à travers Bruxelles pour rejoindre cette jeune tante dont il s’est épris. Mais c’est aussi la commission en elle-même, cette transaction silencieuse entre deux femmes pour que l’une puisse joindre les deux bouts. Et si l’argent est-ce qui relie les membres de cette famille, que vaut encore l’amour?


À travers le désir mutuel qui se déploie entre Léna et son neveu, la course devient une course après la vie, après le sexe et l’intimité, mais aussi une course pour rien, pour l’acte de courir en lui-même, pour sentir son corps et ses jambes en mouvement, la vie qui palpite et qui rend libre. Jamais nommé, cet adolescent emprisonné par l’amour dévorant de sa mère se délie ainsi de son attachement, éprouve sa liberté toute neuve: il court, il vole, il rêve, propulsé par le désir.



Une audace remarquable


Mais "comment les bras de l’un peuvent-ils être autre chose que la prison de l’autre?" s’interroge Jacques Richard dans ce livre, révélant sans un mot de trop les passions qui traversent et déchirent les êtres, coincés entre la joie, la jalousie et les regrets. Dépourvu de tout parti pris moralisateur, l’auteur raconte cette histoire avec une audace remarquable: "Si c’est pour enfoncer les portes ouvertes, il faut faire autre chose qu’écrire", déclare-t-il avec amusement.



N’hésitant pas à distiller un second degré salvateur, il se joue du détachement par l’emploi de didascalies et l’ironie d’un chœur, comme au théâtre, parce que ses personnages jouent tous et toutes un rôle, confie-t-il: "Il n’y a jamais un moment, dans la vie, où on n’est pas le spectateur de soi-même." Or ce livre est une "tragédie plate", comme la nomme son auteur: à l’instar de la vraie vie, les personnages en sont trop étriqués pour expérimenter de telles passions, et leur quotidien, trop banal pour des sentiments si intenses…


Le roman, lui, affirme sa liberté autant par le thème que par l’écriture, qui alterne les perspectives et les points de vue, dédouble la narration en passant du "je" au "il" puis en revenant au "je", cette fois pour révéler le point de vue de Léna sur cet amour impossible dont la fin était annoncée dès le début, elle le savait. Mais lui, l’adolescent pour qui tout reste à apprendre et à découvrir, lui ne le savait pas, qui vivait cette passion dans le plus pur présent, pris tout entier par son désir d’elle. Des réalités désaccordées qui se révèlent sans concession, de l’humour au tragique…



Le Soir -  Livres 19/1/2022


Le livre des passions et des ombres ***


C’EST DU BELGE
« Comment les bras de l’un peuvent-ils être autre chose que la prison de l’autre ? »


Cette phrase dit tout de « La course » de Jacques Richard. Qui nous fait vivre une liaison entre une femme mûre et son ado de neveu.


JEAN-CLAUDE VANTROYEN



Tout, dans le dernier roman du Bruxellois Jacques Richard, oscille entre la réalité et le fantasme. Entre des scènes très vraies, très crues, très sordides du quotidien et des rêves d’amour fou, de vie meilleure, de passions échevelées. Tout est un peu flou et un peu fou, à la manière de ce garçon de 16 ans, qui n’est jamais nommé et qui se prend de désir (d’amour ?) pour sa tante Hélène, dite Léna, la soeur de sa mère Madeleine, dite Magda, mais plus jeune qu’elle. Rien que le titre est polysémique. La course, c’est le sprint dans lequel l’ado se lance quand il va chez Léna, pour y arriver plus vite, certes, mais aussi pour se laver la tête, se faire du bien. Mais c’est aussi la commission que lui impose sa mère, pour aller chercher régulièrement chez Léna une enveloppe, avec de l’argent dedans, qui lui permettra de vivre quelques jours de plus. Parce que Magda élève seule son fils, le père s’étant éclipsé quand elle était enceinte, et elle n’a pas de travail. Tandis que Léna, qui ne travaille pas non plus, a épousé Claude, qui est toujours sur les routes et qui en gagne, de l’argent. Alors, entre une Léna que son mari ne fait plus rêver et dont les journées solitaires sont longues et cet ado avide de découvrir la vie se danse un tango sensuel, sexuel, tendre, peut-être même amoureux. Mais l’amour physique est sans issue, comme disait Gainsbourg. Et ce n’est pas un couple, ça, eux. Ce n’est pas un avenir. Lui la veut, affamé. Elle, elle sait qu’elle vieillit, que son corps est fini, qu’il lui faudrait, pour lui, un corps neuf, comme le sien. Ils ne font pas un, comme un vrai couple, ils font deux, elle et lui. Pas de fusion, rien qu’une addition. Léna sait que c’est déjà perdu, que penser à ses baisers, à son énergie, à son corps, c’est déjà perdre. Lui ne voit rien, sinon qu’il veut continuer à l’aimer, à l’embrasser, à l’étreindre, il ne pense qu’à ça, il ne vit plus que pour ça. Mais il y a la vie, il y a le quotidien, il y a l’argent qui circule entre Léna et Magda via l’ado. Et tout ça pollue. « Et comment les bras de l’un peuvent-ils être autre chose que la prison de l’autre ? » Et si la course est éperdue, elle ne peut qu’avoir une fin. On le sait depuis le début. Les murs de la prison ne se sont pas évanouis d’un coup de baise sur le lit conjugal. Jacques Richard décortique chacun des personnages, leurs relations, leurs désirs, leur intimité, leurs peurs, leurs ombres, leurs failles, avec une sensibilité à fleur de peau et une écriture qui paraît tellement simple, évidente, qu’elle est certainement très travaillée. Et toujours avec un certain mystère, un certain flou, qui indiquent sans doute qu’il ne faut pas se fier au réel, ou à ce qu’on croit l’être, aux lieux, aux choses, aux gens, même à la morale qui interdirait cette liaison entre une femme mûre et ce jeune homme.


Rien n’est univoque

Qui parle d’ailleurs dans ce roman ? Le neveu dit je au départ. Mais on passe assez vite au il pour revenir au je. Et le je de la fin du roman n’est pas celui du neveu mais celui de Léna. Flou, on vous le disait. Comme la manière. Rien n’est univoque dans ce roman. Chapitres courts, temps étirés, narration, pensées intimes, même dialogues de théâtre avec interventions ironiques d’un choeur. A l’image de la vie, non ?, où rien jamais n’est vraiment logique, où tout est ambigu, équivoque. Où le rêve « Tu me serreras contre toi, tu m’embrasseras devant tout le monde » ne reste jamais qu’un rêve, un fantasme que la vraie vie avale d’un coup, hop ! c’est fini. Et il ne reste alors que des regrets et des souvenirs épars, que « le plaisir d’une blessure qu’on s’amuse à gratter quand on sait qu’elle ne saignera plus ».

Poète et peintre, Jacques Richard l’est aussi dans l’écriture de ses romans, dans son écriture d’une grande liberté. Son nouveau récit «La course» se déroule en une succession de tableaux, de séquences très courtes, de scènes parfois dramatisées, construites comme au théâtre en répliques et en didascalies.
Jacques Richard est l’invité de Marie-Eve Stévenne dans La librairie des ondes pour parler de ce livre La Course paru aux éditions ONLIT.

Le blog littraire de Jean CLaude Bologne















«Chacun de nous est un puits où, tout au fond, quelque chose attend, appelle dans le noir. Personne n’ose s’y pencher. »

Jacques Richard, de roman en roman, explore les zones obscures de l’âme humaine et le divergences entre l’être profond et l’être social. Ce roman est celui de ce malentendu, pire que la solitude. Aux deux bouts de la course, deux sœurs, Hélène et Madeleine, Léna et Magda — qui réussissent à rimer dans la version complète ou abrégée de leur prénom, mais qui ne se voient pas. Entre les deux, un adolescent, qui court de l’une à l’autre. Chez sa tante, Hélène, il vient chercher une étreinte rapide ; à sa mère, il rapporte un peu d’argent. Deux buts qui n’ont rien encommun, bien sûr, et pourtant, l’idée pointe dans l’esprit de Léna — «Il courait comme s’il devait mériter de venir ici. Me mériter. Me gagner. Gagner ce que je donnais à sa mère. » De part et d’autre, il apprend à être un homme. En faisant l’amour à une femme ; en rapportant l’argent du ménage.


Magda est la mère, mais bien au-delà de sa maternité. Elle est l’archétype de la mère : elle l’a aussi été de sa sœur, plus jeune qu’elle, et finit par incarner la mère qui aurait voulu rester femme, comme Hélène est la femme qui ne parvient pas à être mère. L’une a un enfant mais pas d’homme, l’autre un mari mais pas d’enfant. Elles se regardent comme dans un miroir aux reflets inversés. Ce sont les deux visages de la femme, deux pôles entre lesquels l’adolescent court, comme s’il pouvait les réunir. Bien sûr, leur réunion, lorsque la vérité se dévoile, sera orageuse…


La course donne son titre au roman. C’est le rôle du garçon, sans doute, entre sa mère et sa tante, toutes deux immobiles dans leur solitude. Mais au-delà, c’est une façon de vivre, sinon une mentalité, celle de l’adolescent découvrant la vie : « Tu cours, tu cours. Après tout ce qui passe. Tu suis le dernier qui a parlé comme un chien sans lieu, sans lien. » C’est aussi la trépidation du monde moderne, qui effraie tant la mère. « Tout bouge. Tout a bougé. Rien ne tient en place. Les bagnoles. Sa belle maison d’antan. Disparue, la villa. » La course est devenue une malédiction, synonyme de misère pour celle qui désormais «court après les sous ». Mais n’est-ce pas le sort commun à tous les hommes ? « Tout le monde court, Magda. C’est normal de courir. Après les sous, après ce que tu veux, mais on court. » Et cela vaut peut-être mieux que l’immobilité, car celles qui ne courent plus attendent sans espoir. « Le monde est une gare où attendent les passagers d’un train qui ne vient pas. » La course est le fil conducteur du roman, dans tous les sens du terme (car le garçon qui court chercher une enveloppe chez sa tante fait ses courses…) et dans toutes les expressions consacrées (courir après les sous, courir les filles…). Calvaire pour les uns, extase pour les autres — « Quand je cours, j’oublie que je suis là. Je me quitte. » La course devient son propre but. Et cela vaut mieux. Car le jeune homme, comme sa tante, se pose des questions sur leur relation hors norme. Il se rend compte que sa course est narcissique, qu’il ne voit dans la femme — « ce trou qu’il appelle une femme » — que le plaisir qu’il peut y trouver. Il sait qu’il ne va chez sa tante que «pour ça », que l’argent qu’il rapporte n’est qu’un prétexte. « Car le voilà, le bout de sa course. À chaque pas, dans chaque caresse, dans chaque baiser. Lui. Lui le chemin. Lui la destination. »


Cette prise de conscience est dans la tradition du roman d’initiation. Le garçon des premières pages traîne encore les angoisses de l’enfance, l’impression que tout le monde, sur son chemin, le perce à jour et le juge (« ils contemplent ma honte »), la superstition du geste maladroit (« un geste abolirait tout »), le retrait intérieur comme refuge contre le conflit…


Tout l’art de Jacques Richard est de traduire cette évolution dans une langue précise, rigoureuse, qui a recours à toute la palette de la subtilité grammaticale. Le protagoniste principal, le jeune garçon, peut parler aux trois personnes du singulier, et parfois dans la même phrase : « me lécher en dessous, au-dessus (et il sent le rugueux des papilles de la femme contre les siennes) ». Cela introduit un léger décalage entre les perceptions, une mise en perspective du souvenir par le narrateur. Le même entre-deux réunit le monde qu’il raconte et l’écriture, par un usage subtil des signes de ponctuation. Les guillemets : « Y a pas “ça”. Y a pas “ce que tu sais” ! C’est quoi, “ce que tu sais” ? Y a pas de “vérité-là”, y a pas de “z-yeux fermés”. Ils marchent pieds nus sur des guillemets. » Les parenthèses, qui permettent d’isoler le protagoniste du monde qui l’entoure, en particulier lors d’une remontrance maternelle : « Lui, dans ces cas-là, il se met entre parenthèses ». Et de fait, un peu plus loin, une incisec oncrétise cette image : « (Lui entre parenthèses) ». Mais l’image rebondit dans un autre passage, où les parenthèses sont comparées à un deux-pièces.
On peut sourire ou s’agacer de ces recherches, qui imposent une distanciation au lecteur, elles m’ont pour ma part impressionné, car elles entrent dans une même conception de l’écriture, exigeante et diversifiée. Ainsi, le vocabulaire le plus cru (lors d’une expérience homosexuelle : « Celui-là, après, il veut l’enculer, allez quoi, mais il s’y prend n’importe comment. ») n’empêche pas un foisonnement d’images originales, parfois à la limite de la préciosité, comme dans l’évocation des hosties, « ces rondelles de farine complète enrubannées de latin », mais dans un art de la formule efficace. Chacun en dressera son florilège, le mien comprendra, entre bien d’autres : « La grand-rue montre des tristesses de chaussette ravaudée », « le vrac jamais trié de la vie », « le sourire d’une qui fait semblant de comprendre le flamand chez le boucher », « on entre sans invitation dans la vie privée du visage »… Sur le fil ténu d’une intrigue très mince (et particulièrement délicate dans la littérature bien peignée de notre époque), Jacques Richard déploie toutes les richesses de la langue.


Recension Jean Claude Bologne

Lena, Magda et lui


Richard décompose et recompose des flux de conscience, déroute en passant de la narration intérieure à la narration extérieure, engage dans un mouvement saccadé et déboussolant. Les protagonistes se voient ainsi envisagés à la fois avec distance et intimité. «En entier, si on peut dire entier pour parler de la succession des instants des fulgurances des lenteurs des attentes des déceptions des sommeils des silences des remords des oublis des retraits et des retours dans le bourdonnement des autres, ce vrac jamais trié de la vie.» La course est un roman sensible qui prend au souffle par un sujet incommodant, une prose singulière, froide et lumineuse, ainsi que par des considérations existentielles coupant dans le vif de l’humanité.


Samia Hammami, Le Carnet et les Instants

Melencolia de Jacques Richard


Le Salon Littéraire- L’internaute 1e mars 2023

Jean-Paul Gavard-Perret


Les mauvais coucheurs pourraient traiter ce roman en deux temps d'histoire d'un inceste. Pourtant jamais Jacques Richard a été plus proche d'une vérité non seulement d'apparentement mais d'appartenance à une forme d'impossibilité qu'il s'agit d'une certaine manière de faire fructifier. Et ce pour évoquer les passions du cœur, du corps et de l'amour en une suite d'épisodes -  dialogués ou non - dans l'Encore et l'Après, pour que d'une certaine manière, non, rien de change, mais tout s'arrime à l'existence.

Il s'agit d'atteindre les secrets de l'existence, comme l'effondrement d'un monde là où sa fin sentimentale annonce – qui sait ? – le commencement du suivant.

L'auteur garde une manière bien à lui de pratiquer l'émotion. Celle du crépuscule du soir qui prend l'âme en un vieux blues. Il se trouve chez le poète des accents neufs, impérissables. Ici existe de la musique avant toute chose. Mais uniquement celle de deux âmes qui savent que sans le corps elle n'est, elle-même, que sac.

Il suffit de l'apparition d'une femme pour qu'il n'y ait plus à attendre Godot ou Dieu. Ce qui est, après tout, du pareil au même.  C'est par elle que la douceur est un peu moins périssable. Au silence du ciel répond le bruit de claves des caresses. Avec le temps elles deviennent la nécessaire onde d'un mouvement vital où souvent ne parlent que le silence et l'écart.

 

Jean-Paul Gavard-Perret, in Le Salon Littéraire - L’internaute

 

 

Amours : guerre et paix LeLitteraire.com  


Existe dans ce retour au roman par Jacques Richard une sorte d’accomplissement dans une nar­ra­tion au ser­vice de la vision et de la sen­sa­tion : “Tout parle d’une autre voix. C’est là qu’il faut res­ter”, écrit la nar­ra­trice qui suc­cède dans la seconde par­tie du livre au nar­ra­teur. Et les deux se “répondent”.

Les mau­vais cou­cheurs pour­raient trai­ter ce roman en deux temps de l’histoire d’un inceste. Pour­tant, jamais Jacques Richard n’a été plus proche d’une vérité non seule­ment d’apparentement mais d’appartenance à une forme d’impossibilité qu’il s’agit d’une cer­taine manière de faire fruc­ti­fier.
Et ce, pour évo­quer les pas­sions du coeur, du corps et de l’amour en une suite d’épisodes dia­lo­gués ou non dans l’Encore” et l’ “Après” pour que d’une cer­taine manière non rien ne change mais tout s’arrime àl’existence.

De petites scènes plus ou moins intimes se suc­cèdent avec la force des “choses vues”, comme écri­vait Hugo. Ce n’est pas tou­jours “la vie en rose” tant s’en faut. Et il ya là bien des épreuves d’incommunicabilité àmesure que l’existence va et que les corps jusque là aimés sombrent par­fois dans l’indifférence.
Mais tout demeure dans un sub­til réap­pren­tis­sage de la vie — même celle que l’on se détruit. Les êtres (et pas for­cé­ment ceux d’un couple) mais sur­tout une tante et son neveu (nar­ra­trice et nar­ra­teur) doivent apprendre àres­sor­tir de l’absence et du silence. Mais tout est dit avec pudeur même quand l’éros revient — par­fois tant bien quel mal, par­fois en une nou­velle assomption.

Jacques Richard ale don de dire “ce qui se passe” de manière allu­sive et pré­gnante et c’est pour­quoi ce retour àla “fic­tion” est une réus­site. Nul autre que lui pour évo­quer le corps, la femme même lorsque son dos se tourne mais que reste un goût d’épice. Là vie est donc là qui résiste avec un peu de mas­cara au coeur“en l’honneur enttre autres d’une mère que le temps use et abîme.
Mais reste aussi l’amour obs­tinent même si par­fois abs­ti­nent au coeur d’un livre qui se veut axe de d’existence. Et même quand toute consis­tance se défait, les relents d’existence suivent leur cours. L’auteur, son nar­ra­teur et sa nar­ra­trice apprennent à les rejoindre.


Jean-Paul Gavard-Perret

Lecture, souffle coupé. C’est le plus beau, le plus fort de tes livres. D’un bout à l’autre sur le fil. Pas un mot qui ne soit pas juste. Pas un mot en trop. Absolument remarquable, bouleversant, fascinant.


Corinne Hoex, écrivain


librairietropismes

🇧🇪 Lisez-vous le belge ?🇧🇪Maxime lit du belge et a lu pour vous "La course". Jacques Richard, écrivain confirmé, nous revient avec un texte dynamique. "La Course" est un récit qui passionne par sa variation de style, par sa dimension éminemment épistolaire. Chaque chapitre est une missive, un diamant taillé avec soin. C'est le texte d'une maturité joyeuse, d'un auteur qui passe dans une nouvelle phase lumineuse de sa création. Un vrai bonheur ! ❤️
#lisezvouslebelge #onliteditions #jacquesrichard #litteraturebelge #librairiebruxelles #librairietropismes


Maxime Lamiroy, auteur, éditeur

Juste un petit mot pour te dire que j’ai commencé et terminé la lecture de ton texte aujourd’hui et qu'il m’a éblouie.

J’aime beaucoup la simplicité douloureuse du récit pour révéler la complexité poignante de l’existence et ta langue sert le propos à merveille. Je retrouve la fragilité des "je" du Carré des Allemands, mais moins écrasante, plus lyrique; tu oses le bonheur, même s’il est tranchant comme une lame et qu’il coûte la vie, sans nécessairement passer par la mort.


E. K. Traductrice

Et puis je dois dire, (...) je suis vraiment admirative de ton écriture. J’ai lu tous tes romans, tes recueils de nouvelles, ton recueil de poèmes, et deux fois La plage d’Oran. Tes livres sont extrêmement envoûtants. C’est poétique, organique, intime mais pas intimiste. Tout est merveilleusement équilibré. 


J’ai terminé "La course" en début de semaine. C’est un très beau livre, Jacques. J’ai été particulièrement touchée par le personnage de la tante, portrait très fin et délicat.

Et de manière générale, j’aime le tempérament de tes personnages, hystériques ou révoltés clandestins dans la lutte contre les convenances. Dévorés par une quête d’amour et d’attention, prêts à se repaître de l’autre pour échapper à une immense solitude, pour finalement être engloutie par elle. Tout semble se dérouler dans une énorme bouche.

Et ton style, très soigné, agit comme les touches légères d’un pinceau. Pas de lourdeur, des mouvements qui surprennent et touchent. Prouesse grâce à laquelle tu écartes le sordide, la noirceur et le jugement. Bravo!


D. I.